
Engagée, tortueuse, secouée. La 16e édition de la CIC Normandy Channel Race est tout cela à la fois. C’est la faute, ou la grâce, d’une météo qui offre des vents soutenus qui vont forcir encore dans les heures à venir, à une houle qui rentre fort en Manche et qui vient se heurter aux marées, dont la réputation n’est plus à faire sur la classique de la Class40.
Hier, lundi, la flotte a vu sept de ses équipages renoncer. Le tout dernier, c’est ce mardi, aux premières heures du jour : Amarris, de Achille Nebout et Gildas Mahé, a démâté. Les deux hommes, qui naviguaient en deuxième position, vont bien et font route vers le premier port accessible. Ce nombre élevé d’abandon dit bien des choses sur la dureté de ces quarante premières heures de course.
Solides, inspirés et bien armés, Ian Lipinski et Antoine Carpentier sont deuxièmes. Une position d’autant plus nette que le Class40 Crédit Mutuel a atteint au milieu de la nuit Land’s End, la pointe sud de l’Angleterre peu après Esprit Large (Corentin Douguet et Axel Tréhin) et Amarris. Après le contournement de l’île de Wight, Ian Lipinski et Antoine Carpentier ont opté pour la route sud, bien plus longue que celle qui se propose le long des côtes de l’Angleterre, mais plus rapide. Bien calés à l’avant de la flotte, les deux marins bénéficient des meilleurs atouts : une vision claire sur le champ de jeu et les conditions météo, et des objectifs plus faciles à appréhender : rester devant et, si possible, faire mieux encore. Que du positif !
Si tout était immuable dans la course au large, le Class40 Crédit Mutuel ferait déjà route vers l’Irlande. Comme tout y est mouvant – c’est le principe de base –, le monocoque rouge et blanc et ses rivaux font route vers l’île de Sein, Finistère. Pourquoi ? Parce qu’un coup de vent va balayer les côtes irlandaises d’ici une poignée d’heures, en générant dans son sillage une mer démontée. La direction de course, pilotée par Miranda Merron, a donc choisi de repousser le moment où la flotte de la CIC Normandy Channel Race ira essuyer le front.
C’est donc dans une tangente nord-sud de plus de 120 milles que Ian Lipinski et Antoine Carpentier sont engagés. Une fois passé cette marque de parcours inédite, la flotte reprendra ses objectifs originels : la mer Celtique, à destination d’abord du rocher du Fastnet, puis Tuskar Rock, plus au nord. Ce n’est que vendredi que le vent s’affaissera un peu, avant de reprendre de la vigueur. Cela ne dérange personne : les marins aiment bien avoir les cheveux dans le vent.