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Cadrage-débordement

En embuscade à la troisième place depuis les premières heures du Défi Atlantique, il y a une semaine, Ian Lipinski, Antoine Carpentier et Rémi Fermin attendaient leur heure. Elle est venue. La montre affichait 3 heures du matin en Métropole quand, après six manœuvres comme autant de crochets d’un attaquant du XV de France face aux Anglais, le Class40 Crédit Mutuel s’emparait de la place de leader.        

Le coup est superbe, bien pensé tactiquement, sans doute parfaitement réalisé techniquement par le trio. Hier, samedi, au petit matin, Ian, Antoine et Rémi avançaient vite dans un vent qui venait de l’arrière et soufflait à plus de 20 nœuds selon les fichiers. Du peloton de tête, ils étaient ceux qui occupaient la position la plus au sud. Les leaders, Ambrogio Beccaria et Alberto Bona, tenaient le centre de l’échiquier. Le Class40 Crédit Mutuel sauta alors quelques cases noires et blanches pour remonter vers le nord sur une quarantaine de milles, avant de glisser à nouveau vers le sud, en pente douce. Une longue descente toute en variations, qui le renvoya dans une position très méridionale.

Pourquoi ? Parce que, entre les deux flux d’air du système dépressionnaire, l’un orienté nord-ouest (en haut), l’autre orienté ouest (en bas), se reformait une zone de hautes pressions, aux vents faibles, voire très faibles, dont la forme et la position ne cessa, et ne cessera pas jusqu’à lundi matin, de varier assez vivement. Cette zone va d’ouest en est et gonfle, se rétracte, se morcèle. Elle est une frontière où les douanes s’installeraient sans prévenir, et dont ils repartiraient sur un coup de tête, engendrant des variations de circulation difficilement prévisibles. Les valises pleines d’euphorie, Ian, Antoine et Rémi ont passé la frontière en maîtres tacticiens. 

Ce dimanche matin, l’équipage du Class40 Crédit Mutuel compte une avance conséquente sur Alberto Bona (+44 milles), Ambrogio Beccaria (46 milles) et Axel Tréhin (+72 milles). La suite ? Juste au-dessus d’eux, la bulle anticyclonique va prendre des formes diverses, qui risque de les contraindre à rester dans le sud, tout autant qu’elle pourrait priver leurs rivaux d’y venir. 

Il va leur falloir la jouer finement, frôler la bulle anticyclonique autant que possible pour ne pas trop allonger la route vers Horta, à 725 milles de là, tout en profitant de la vitesse de leur vent d’ouest, qui les faisait avancer ce matin à 14 nœuds au moins, tandis que les suiveurs peinaient respectivement à 4,6 nœuds, 7,2 nœuds et 1,7 nœud. L’heure est venue d’engranger les milles d’avance, au maximum, pour espérer être en tête au moment de croiser la route des nordistes et s’imposer à Horta entre le 11 avril en début de soirée et le 12 au matin. Les rois du « tchik-tchak » en sont bien capables ! 

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