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« C’est vraiment bien, le portant ! »

Ian Lipinski et Ambrogio Beccaria ont paré Horta dimanche matin et, depuis hier après-midi, les navigateurs remontent vers les Sables-d’Olonne au portant, en frôlant par moment les 20 nœuds. Ils sont toujours troisièmes, à un peu plus de 50 milles du tandem qui s’est échappé dès les premiers jours de course et qui bénéficie des bonnes grâces de la météo. Faisons le bilan avec Ian !

Ian, en virant à Horta, vous êtes entré dans la seconde moitié de cette Les Sables-Horta-Les Sables. Quel regard poses-tu sur le premier acte ?
Ian Lipinski : « Rétrospectivement, côté météo, ce fut assez dur : on a dû passer trois dépressions et une dorsale, même si cette dernière a été plus éprouvante nerveusement que physiquement. On a fait du près pendant trois ou quatre jours, à vivre penché, c’est la vie… Avec Ambrogio, on n’a pas osé se dire que c’était pénible tant qu’on a été dans ce schéma. Mais maintenant qu’on en est sorti, qu’on a envoyé le spi et que ça glisse, on se dit que c’est vraiment bien, le portant ! On ne s’est pas laissé aller à critiquer le côté pénible du près, on s’est surtout appliqué le plus possible, mais c’est bien quand le bateau est à plat.

Côté sport, malheureusement, on a fait une petite erreur en début de parcours en étant un peu trop au nord après le départ, et ça nous a coûté très cher. Ça se joue à pas grand-chose, mais on y a perdu le contact des premiers. Être troisièmes à cause de cette erreur qui coûte beaucoup à d’autres bateaux qui l’ont commise aussi, nous fait penser que, finalement, on s’est bien débrouillé pour la corriger. Au mieux en tout cas. Cette place de 3e n’était pas gagnée, vu notre départ. 

C’est devenu une règle : les courses en Class40 se jouent pour une poignée de minutes. Manifestement, il y a des écarts importants dans cette Les Sables-Horta-Les Sables. C’est une facétie de la météo uniquement ? 

Ian : Au printemps, j’ai passé la quasi-totalité de la CIC Normandy Channel Race en tête, et c’est revenu par derrière. Là, je ne démarre pas aussi bien, et ça part par devant. C’est le jeu ! On sait qu’il faut être devant pour être sûr d’en profiter si ça part par devant. L’écart qu’on subit est de notre faute. C’est rageant. La météo du moment ne fait que distendre les écarts entre les bateaux… sauf pour les deux premiers qui se marquent, et qui montrent le potentiel et le niveau de la classe.

Y a-t-il eu un coup de stratégie qui nous a fait plaisir, à bord du Class40 Crédit Mutuel ?
Ian :
On n’a pas fait de grand coup, mais on a fait un choix pertinent, au fond du Golfe de Gascogne alors qu’on était mal placé. On a décidé de ne pas faire un contre-bord pour aller chercher le front (l’arrivée de vents forts). Bien nous en a pris : cela nous permet d’être troisièmes. Mais cela ne nous fait pas non plus monter au plafond, hein.

Comment se comporte le Class40 Crédit Mutuel ? Es-tu satisfait de ses vitesses ?
Ian :
Ses performances sont très bonnes. C’est compliqué, vu les distances entre les bateaux, de tirer des conclusions parce qu’on ne navigue pas dans le même vent, mais je suis très confiant dans les performances de mon bateau aujourd’hui. Après la CIC Normandy Channel Race, je pense que, si on n’est pas en tête, ce n’est pas la faute du bateau. 

Physiquement, vous tenez le coup ?
Ian :
On n’a pas mal dormi au près. Ce dimanche a été un peu fatiguant parce qu’il y a eu l’arrivée au petit matin à Horta. Il n’y avait pas de vent, il a fallu tirer des bords, enchaîner les manœuvres, repartir, ranger le bateau, se mettre en configuration ‘portant’, faire quelques changements de voile et bricoler autour du dessalinisateur, sous le cockpit. Il a fallu poncer, découper des cornières, faire du collage, attacher le dessalinisateur, tout ça dans la chaleur de la région… On est arrivé plutôt reposé à Horta et, là, on doit dormir à nouveau. On va voir un passage de front cette nuit (hier), bien plus actif que le précédent. On est au portant, c’est plus cool, mais il faut être vigilant. Il va ensuite y avoir une bascule de vent (un changement d’angle) qui sera plus ‘rafaleuse’, on devra faire attention.

Vous avez croisé beaucoup de faune marine ?
Ian :
On a vu des baleines quasiment tous les jours, mais jamais très bien ; pourtant, on est parfois passé assez près. Je ne sais pas si c’étaient des baleines ou des cachalots, mais on en a plus vu que des dauphins. 

Comment se présente la seconde partie du parcours ?
Ian :
Ce sera un retour rapide, avec un passage de front, sur une route toute droite. Et, pendant un bon moment, elle offrira un gros avantage à ceux de devant. Puis un vent faible arrivera par l’ouest, mais ce sera à la toute fin, et ça ne suffira pas pour rejouer. Je ne vois pas comment on pourrait revenir : il faudrait qu’on soit 10% plus vite que les gars de devant, ce qui est compliqué. Mais on va rester prudent : il y a de la route, il ne faut pas casser le bateau. Un espoir ? La météo peut évoluer et se dégrader. On sera là s’il y a un coup à jouer : on reste à l’affût ! »

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