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Class40 Crédit Mutuel : la formidable aventure 

À 13H43 (heure de Martinique) ce jeudi 23 novembre, Ian Lipinski et Antoine Carpentier ont coupé la ligne d’arrivée de la 16e Transat Jacques Vabre. 2ème de l’étape 2 de cette édition au déroulement inédit, les deux marins du Class40 Crédit Mutuel concluent avec brio une aventure qui a débuté par un démâtage très précoce dont le poids pèsera sur leur classement final. Avec l’équipe à terre du Class40 Crédit Mutuel, ils auront su faire de leur mésaventure le socle d’une formidable aventure humaine et sportive. 

La Transat Jacques Vabre 2023 en aura fait voir de toutes les couleurs à Ian Lipinski et Antoine Carpentier. À commencer par les plus sombres qui surgissent dès la première nuit, lorsqu’un démâtage dans le vent fort les prive très précocement de tout espoir de victoire finale.

La trajectoire du tandem aurait pu stopper là, à Cherbourg, le 30 octobre. Mais cette 16e édition, soumise aux caprices de la météo, n’est pas comme les autres. La direction de course avait auparavant décidé d’envoyer la flotte du Havre à Lorient dans ce qui est appelé l’étape 1 afin de permettre aux Class40 de se mettre à l’abri tout en libérant de la place dans le bassin du Havre pour les Imoca. À La Base, la flotte patientera une semaine, le temps que passent les tempêtes et que le golfe de Gascogne redevienne fréquentable.

Cette semaine de latence permit à l’équipe Crédit Mutuel de tout mettre en œuvre pour équiper son Class40 d’un mât plus ancien, d’une grand-voile et d’un tourmentin éprouvés. Une opération commando qui répondit à l’envie forte de Ian Lipinski et de son équipier « d’aller jouer avec les autres ». Un tour de force d’une équipe soudée autour de son duo et d’un bateau vainqueur de la Transat Jacques Vabre en 2019.  

Au départ de la course 2, lundi 8 novembre, sur une route désormais directe entre Lorient et Fort-de-France, les deux marins gardent la main sur la longe jusqu’au cap Finisterre, puis s’enhardissent progressivement. Pas à pas, ils recollent à la tête de la flotte. Puis s’y intègrent au bénéfice notamment d’une décision stratégique forte : c’est par la route Nord qu’ils passeront. Un choix sans retour, mais qui semble répondre parfaitement aux situations météo qui se dressent devant eux. 

Tout dès lors devient bien plus clair. Le duo s’ébat dans ce match qui oppose à distance les leaders de la route Sud et ceux de la route Nord. La menace de se retrouver dans les vents mous à l’abord de l’arc antillais pèse sur tous ; Xavier Macaire et Pierre Leboucher tentent la route la plus courte ; Ian Lipinski et Antoine Carpentier forcent le trait de leur route si peu classique ; les Sudistes tirent des bords, mais progressent constamment. 


Venus de routes différentes, les leaders se lancent dans un « combat de rue » qu’affectionne le co-skipper du Class40 Crédit Mutuel. Dans la soirée du mercredi 22 novembre, Ian et Antoine reprennent provisoirement la tête. Mais les vents ont faibli et pénalisent les deux marins. Leader des adeptes de la route Sud, la plus classique, le duo Ambrogio Beccaria – Nicolas Andrieu profite de conditions plus stables et des vents les plus généreux. Alla Grande Pirelli remporte la course 2 à Fort-de-France après s’être imposé dans la première à Lorient. 

Cette 2e place sur la course 2, conquise avec brio par Ian Lipinski et Antoine Carpentier, ne pouvait leur assurer le podium du classement général : en raison du démâtage, le duo accusait 26 heures de retard sur les vainqueurs de la course 1. Peu importe finalement : Ian et Antoine ont dévoilé ce qu’ils avaient embarqué avec eux à Lorient : le panache. 

 « Le sujet le plus marquant, c’est qu’on ait pris la route Nord. Ce fut donc une Transat inhabituelle du début à la fin. Au lieu de se laisser porter par la monotonie des empannages et des bascules dans les alizés, on s’est fait une course très variée. On n’a connu zéro ennui, zéro routine. Ce fut une course très riche et pleine d’enseignements. Ce ne fut pas facile de choisir cette route, après les trois jours de course dans le golfe de Gascogne qui avaient été durs. Tu cherches un peu les arguments qui te suggèreront d’aller plutôt dans les alizés. La décision d’aller au Nord a été longue à prendre, mais on ne regrette pas. Notre deuxième place sur cette étape 2 récompense le travail de toute l’équipe, qui s’est mobilisée à fond et dans un temps record pour nous permettre de repartir dans de bonnes conditions. C’était un sacré challenge, il a été réussi et on a fait une belle course. Je suis content de cette 2eplace sur cette étape. Elle clôture une belle saison qu’on a entamée avec Antoine et Rémi Fermin par une victoire sur le Défi Atlantique », déclare Ian Lipinski. 

« Quand on a pris la décision de prendre la route Nord, les routages nous donnaient deux jours d’avance à l’arrivée sur la route Sud. Nous avions beaucoup de retard au classement après notre démâtage et, forcément, ces routages ont eu de l’incidence sur notre choix. C’était aussi très intéressant de lâcher prise sur les positions de la flotte dans le Sud. C’était la route qu’il fallait prendre, même si tout s’est joué sur les 24 dernières heures et le manque de vent durant la descente de l’arc antillais. On a été joueurs, ça a payé plus qu’à moitié, on ne regrette rien ! Je suis très content d’avoir couru avec Ian. Il y a eu de bons moments de glisse, de bonnes rigolades, et c’était sympa de naviguer sur le Class40 Crédit Mutuel, un bateau historique puisqu’il est le premier scow de la classe », rajoute Antoine Carpentier.  

« Je dis toute mon admiration et toute mon amitié à Ian et Antoine. Ils nous ont bluffés, alliant audace et détermination, enthousiasme et sens tactique, talent et force de caractère. Démâter, ramener et réparer le bateau, repartir une semaine plus tard, animer la course au point de finir sur le podium malgré un bateau diminué : incroyable ! Bravissimo ! », déclare Nicolas Théry, président de Crédit Mutuel Alliance Fédérale

« Quatre ans après sa victoire sur cette même course, Ian renouvelle un exploit toujours à bord de son Class40 Crédit Mutuel. Cette seconde position acquise avec Antoine est une victoire en soi tellement l’adversité a été forte et les éléments déchaînés contre ce superbe équipage. Je leurs adresse un énorme bravo car ils nous ont fait vibrer durant ces 3 dernières semaines. La résilience, l’envie, la combativité n’auront pas trouvé plus beaux ambassadeurs et nous sommes fiers de les voir porter les couleurs du Crédit Mutuel. », se réjouit Daniel Baal, directeur général de Crédit Mutuel Alliance Fédérale