Quelques heures après ce départ de rêve, les 13 Class40 engagés dans The Transat CIC, première du nom, ont fait la rencontre de vents de sud d’une trentaine de nœuds sur les fichiers météo, levant la mer progressivement. La flotte n’avait pas d’autre choix qu’affronter cette zone de vents forts, qui n’étaient que le premier coup de semonce de ce vaste système dépressionnaire qui traverse l’océan Atlantique d’ouest en est. S’enroulant sur elle-même, cette dépression accélère à l’approche des côtes du vieux Continent et des îles britanniques et de l’Irlande.
Précédant le plus souvent sa concurrence, Ian Lipinski est entré dans le vif du sujet de cette Transatlantique par la voie Nord. Une fois traversés ces vents dépressionnaires, le skipper du Class40 Crédit Mutuel et ses rivaux ont prolongé leur route vers le Nord-Ouest, visant la pointe Sud de l’Irlande. Ce mardi matin, après une grosse journée et demie de cavalcade, les 13 monocoques de 40-pieds sont entrés, groupés, dans le cœur de la dépression, où les vents s’annulent.
Ce moment de répit permet, certes, de se remettre de ses émotions et de faire le tour du bateau, de s’assurer qu’il a encaissé le premier impact sans broncher. Il est surtout conforme à une réalité stratégique : les marins ont pris position pour profiter au maximum de vents très soutenus de Nord-Ouest qui vont venir les cueillir au Sud-Ouest de l’Irlande, et qui vont faire office de toboggan (qu’il est pentu, ce toboggan !) pour les aider à traverser l’océan Atlantique à pleine vitesse.
Pratiquement à l’arrêt ce mardi matin, à 7 heures, les pur-sangs ne vont pas tarder à s’ébrouer. En milieu de matinée, le vent va rentrer, et la cavalcade va redémarrer. Situé le plus à l’ouest de la flotte, Ian Lipinski espère avoir pris la meilleure des positions en compagnie de Fabien Delahaye et Nicolas d’Estais. Il n’est pas impossible que ce trio soit le premier à bénéficier des vents forts, dans un angle favorable. L’occasion peut-être de creuser un premier écart dans cette classe qui avance en rangs serrés.