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De Madère aux Canaries

Ian Lipinski et Julien Pulvé sont passés hier soir à la latitude de l’île de Madère, à 100 milles dans son est. La descente vers les îles Canaries, à 220 milles de leur étrave en ce dimanche matin, continue donc, plein sud, mais la glissade ne sera pas de tout repos : le vent ne doit pas être facile à lire.

Les navigateurs à bord du Class40 Crédit Mutuel constatent qu’à environ 400 milles dans leur ouest, une dépression s’enroule autour des Açores. A leur latitude, le mouvement de la dépression va du sud au nord. Plus proche dans leur ouest, une large dorsale anticyclonique fait tampon jusque dans l’ouest des Canaries. 
De l’autre côté de l’Atlantique, venant de la côte, un flux de nord-nord est pousse encore les bateaux. C’est le Levanter, qui traverse le détroit de Gibraltar d’est en ouest, où il gagne en force puisque les deux côtes font entonnoir, puis il s’étire en largeur et se met à glisser le long du continent. 

Comme aucun des systèmes météo n’est plus fort que l’autre, il en résulte une zone assez instable où, on l’imagine, le marin en veille doit passer son temps à régler pendant que le navigateur fait tourner les logiciels de routage à de multiples reprises une fois qu’il a recueilli les fichiers météo. 
Ces prévisions étant seulement théoriques, bien que fondées sur des années de relevés, ce segment entre Madère et les Canaries est typiquement un moment de navigation où il est indispensable de mettre le nez au vent pour sentir les choses. 

Toujours 7e, Ian et Julien ont gagné 5 milles sur le nouveau leader, Redman (Antoine Carpentier et Pablo Santurde del Arco). Les voilà à 45 milles de la tête, à 20 milles de la 6e place. Devant eux se dresse l’archipel des Canaries et ses sept îles principales volcaniques. C’est une imposante zone de jeux stratégiques et tactiques. Avant d’aborder les Canaries, les marins doivent avoir choisi la bonne porte d’entrée ; dedans, il faut savoir profiter de l’effet Venturi généré par les côtes ; après, il faut fuir les zones de dévent générés par les reliefs. Ces zones peuvent s’étirer sur plus de 100 milles. Bien des choses peuvent s’y passer ! 

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