Le Class40 Crédit Mutuel a remporté la première étape de la Globe40 La Grande Route ce samedi 20 septembre. À 10h37 heure française, Ian Lipinski et Antoine Carpentier ont coupé la ligne d’arrivée à Mindelo (Cap-Vert) après 5 jours 21 heures 37 minutes et 49 secondes de course. Les deux coureurs ont su s’appuyer sur deux vertus cardinales : la vélocité et le métier.

Déjà vainqueurs du prologue entre Lorient et Cadix, Ian Lipinski et Antoine Carpentier ont remporté la première étape de la Globe40. Sur un parcours de 1556,58 milles théoriques, le Class40 Crédit Mutuel a parcouru 1 719,23 milles à la vitesse de 12,14 nœuds après s’être assuré une avance devenue confortable au fil des jours. Une authentique satisfaction pour le jeune et fringant Ian Lipinski, qui fête ce samedi ses 44 ans.
« Gagner une étape, dit Ian Lipinski, c’est un cadeau d’anniversaire bien sympa ! Est-ce qu’on a bien travaillé ? Pas vraiment sur le départ, puisqu’on a raté une bouée sur le petit parcours alors qu’il fallait qu’on parte devant, mais on s’est tout de suite remobilisés. Jusqu’à Madère, on a subi la vitesse du Class40 allemand, qui était plus efficace dans ces conditions, puis ça a tourné en notre faveur. Quand tu regardes la météo et que tu poses ta stratégie, il est fréquent que tu patauges et que tu sois obligé de réadapter ton plan. Pour le coup, et c’est super satisfaisant, ça s’est passé comme on l’imaginait, on a bien exécuté le plan et ça s’est vérifié sur l’eau, au-delà de nos espérances puisque les écarts vont être conséquents. Quand tout s’enchaîne comme ça, c’est très gratifiant ».
Une étape rondement menée
Une pointe de nostalgie avait saisi les deux navigateurs du Class40 Crédit Mutuel, dimanche dernier, au moment de quitter Cadix et ses heures de velours. On s’attache, puis on se détache pour foncer vers un autre ailleurs, et c’est ainsi que se fabrique le sel d’un tour du monde par la mer avec escales. Ian Lipinski et Antoine Carpentier n’auront pas mis longtemps à entrer dans le vif d’un sujet qui ne promettait pas des heures de navigation très engagées. Le skipper et son coskipper s’attendaient à des journées de glisse sous le soleil, et à des coups de stratégie à bien négocier, ils furent servis.
Dès Cadix, et bien qu’ayant manqué une bouée sur le parcours le long de la côte, une petite erreur coupable qui aurait pu leur coûter cher, les deux hommes ont repris place à l’avant et sont partis chercher la pression assez loin dans l’ouest, pour se livrer corps et âme dans « une course de vitesse où notre Class40 Crédit Mutuel a montré toute sa vélocité, salue Antoine Carpentier. Nous avons découvert de nouveaux modes de navigation : c’est un autre exercice que de naviguer avec un bateau aussi chargé par le matériel de spare, les voiles supplémentaires et la nourriture en abondance ».
À mesure que le bateau progressait vers le sud, des constantes se sont révélées sur les fichiers météo : il n’y aurait pas de vent entre les Canaries et le Cap-Vert, mais la pression serait meilleure le long des côtes africaines. « Certes, les nombreux passages de Ian et les miens nous ont donné l’expérience sur ce tronçon, mais à chaque fois, c’est un peu différent, souligne Antoine Carpentier. On était tous les deux d’accord pour longer l’Afrique, ce qui orientait un passage dans les Canaries le plus à l’est possible. Le passage que nous avons pris était légèrement moins bon que celui que nos deux concurrents directs ont emprunté, mais le gain que nous allions faire dans un deuxième temps nous paraissait largement compenser cette petite perte ».
Juste appréciation et bonne gestion
À Madère, le duo du Class40 Crédit Mutuel fut le premier à empanner, pour se rapprocher du continent et entreprendre un long bord vers le sud. Ce fut l’occasion pour les deux marins de découvrir de nouvelles clés de performance sur le Class40 202 qui révèle au fil des jours les clés de sa vélocité. Jouant avec le chargement des ballasts, les combinaisons de voile, Ian Lipinski et Antoine Carpentier ont su creuser l’écart sur leurs deux grands rivaux, Jonas Gerckens et Djemila Tassin d’une part, Lennart Burke et Melwin Fink d’autre part, sans jamais prendre de risques, une ligne de conduite qu’il faudra savoir tenir pendant huit mois. « La gestion de l’effort se fait en fonction de ce que font nos concurrents directs, explique Antoine Carpentier. S’ils sont pied au plancher, nous aurons à monter le curseur, mais sans aller vers le déraisonnable. On peut le faire parce que le bateau a été préparé aux petits oignons par Sébastien Picault, Camille Seasseau et Rémi Fermin ».
Dans de petits airs, le Class40 a rallié le Cap-Vert et le ponton de Mindelo, où il restera amarré jusqu’au 2 octobre, date du départ de la deuxième étape, qui sera d’une tout autre dimension. La flotte prendra en effet la direction de l’île de la Réunion, pour une première confrontation avec les mers du sud, le cap et les courants de Bonne-Espérance et l’océan Indien. La flotte de la Globe40 va donc rester une douzaine de jours au Cap-Vert, tout récemment meurtri par le passage de la tempête tropicale Erin, qui a ravagé le 11 août dernier une partie des infrastructures et des habitations des Cap-Verdiens. Le Crédit Mutuel en collaboration avec Sirius, l’organisateur de la Globe40, et l’ensemble des skippers engagés en course ont souhaité montrer leur solidarité avec les habitants de l’île et notamment livrer des fournitures scolaires pour les enfants les plus touchés. L’ensemble des skippers a pris à bord une partie de ces fournitures pour les convoyer vers Mindelo. Ian et Antoine seront donc les premiers à livrer leur cargaison ! À suivre…
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