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Pénurie de pain blanc 

Ah… Qu’ils étaient bons, ces longs bords dans le vent de travers. Oh… Qu’elles étaient agréables, ces heures sous spi, à glisser le long de l’Irlande, entre Tuskar Rock et le Fastnet. Avant l’aube, mercredi, la flotte de la 14e CIC Normandy Channel Race a pris la route du retour et fait face au vent. Et c’est beaucoup moins confortable. Le vent d’est, qui se dresse face aux marins, lève la mer et cause du tracas, secouant les hommes et les machines. « On a fini notre pain blanc ! », s’exclamait Ian Lipinski. Il en sera ainsi jusqu’à l’arrivée, le vent ayant même forci en Manche, où navigue ce matin la quasi-totalité de la flotte.          

Des tracas, Ian Lipinski et Antoine Carpentier en ont subi, ces dernières heures. Rien de bien méchant, leur position dans la flotte en atteste, mais il leur a fallu se mettre au vent arrière temporairement (donc aller à l’opposé de la route) pour résoudre un problème avec leur génois : un mousqueton avait cédé, qu’il a bien fallu remplacer. « On a réussi à solutionner le problème, c’est Antoine qui est allé faire l’équilibriste à l’avant du bateau pour repasser un bout dans une sangle », signale Ian, qui regrettait cependant d’avoir perdu deux milles sur les leaders dans l’opération. Plus tôt, il leur avait également fallu remettre en place un bout d’un safran. Une belle occasion de faire du patin à glace en mer Celtique, sous spi, sans safran.          


Ce matin, on les retrouve le long des côtes anglaises. Repassés dans la nuit à Land’s End, l’extrémité sud-ouest de l’Angleterre, les équipiers du Class40 Crédit Mutuel remontent au vent en tirant des bords au plus près des terres de Sa Majesté le roi Charles III. Au classement de 8 heures, ils émargeaient en 8e position, à 6 milles des leaders, Ambrogio Beccaria et Kévin Bloch. Au cap Lizard, qui a été effacé ce matin, la flotte s’est scindée en deux. Il y ceux qui persistent à longer la côte, comme le Class40 Crédit Mutuel et Alla grande Pirelli, et ceux qui ont plongé vers le sud pour tirer des bords au plus fort du vent de Manche, comme Axel Tréhin et Nicolas Troussel (Project Rescue Ocean). Qui a raison ? Ne pariez pas trop : 14 bateaux se tiennent en 10 milles. Et, sur la CIC Normandy Channel Race, il suffit d’une bascule de marée pour que les cartes soient redistribuées. 

Appuyons-nous simplement sur quelques chiffres : il restait, à 8 heures, 178 milles à parcourir dans du vent de face, pour des bateaux qui progressaient à une vitesse de 5 à 8 nœuds en fonction du bord, dans un vent de 25 nœuds environ et une mer formée d’au moins deux mètres. Dans le plus rapide des scénarios, les premiers devraient couper la ligne d’arrivée à Caen au milieu de la nuit de ce jeudi à vendredi. Et dire que ça va se jouer à la photo finish…

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