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« C’est dur comme je m’y attendais »

Au classement de 7h00 ce mercredi, 360 mètres séparaient le Class40 Crédit Mutuel de Alla Grande Pirelli. Ian Lipinski et Ambrogio Beccaria sont en réalité décalés de cinq milles, du nord au sud. C’est peu, mais cela peut compter dans les zones de vents faibles, où chaque souffle d’air supplémentaire est une bénédiction. 

D’ici peu, en ce mercredi 8 mai, les deux leaders se retrouveront collés au plancher : large de près de 150 milles, une poche anticyclonique progresse dans leur direction. Sa course vers l’est, combinée à la trajectoire vers l’ouest des marins, fera que cette période ne s’éternisera pas plus d’une journée et demie. Mais les solitaires revivront une nouvelle fois cette étrange sensation que chaque heure dure des heures… Ce n’est que jeudi soir que le vent rentrera de nouveau, pour rythmer le dernier sprint vers la ligne d’arrivée. 

La survenance de cette nouvelle bulle anticyclonique sera peut-être l’occasion pour Fabien Delahaye d’effacer une partie de son retard, établi ce matin à 47 milles. Puis, lui aussi, finira par freiner. Ce matin, le skipper du Class40 Crédit Mutuel a trouvé un instant de temps de cerveau disponible pour se raconter.

Le match : « Je suis super content d’être revenu dans le match hier, avec pas mal de réussite, mais il en faut. Je suis excité, c’est génial de batailler contre mon ami Boggi, qui s’était échappé. Il est super fort. Il est tout petit, mais en réalité, il est très grand. C’est un honneur de batailler avec lui sur cette fin de course ».

Le niveau d’investissement nécessaire : « Il a été énorme jusqu’à la moitié de la course, un peu comme sur une CIC Normandy Channel Race, mais il a bien fallu calmer le jeu – c’est relatif -, mais il a fallu le faire : tu as mal partout : au dos, aux mains, tu es cramé-cramé. Il y a eu du vent très fort, de la mer, j’ai même dû affaler (la grand-voile) pour réussir à dormir un peu. C’est un rythme différent, en rapport avec la fatigue qui s’installait ». 

The Transat CIC conforme à tes attentes ? « La course, c’est dur comme je m’y attendais, mais la météo semble atypique. On enchaîne des petits fronts depuis qu’on avance vers les États-Unis, mais quand on est parti, on s’est frotté à des systèmes statiques, notamment deux dépressions en Irlande et aux Açores, ou encore une dorsale. Je ne sais pas si c’est très courant, en tout cas, je m’attendais plus à des systèmes en mouvement en sens inverse de notre trajectoire. En revanche, l’engagement a été dur, notamment il y a trois jours, quand on est rentré dans les courants du Labrador, où il a fait froid. Et puis, c’est du solitaire, donc c’est super dur ».


La suite : « La compétition, on était quatre en tête, puis trois. Là, à deux jours de l’arrivée, rien n’est joué, mais on est deux en tête. Il y a encore des zones de transition et de molles, et on a vu que tout peut arriver dans ces moments-là. La compétition est vraiment présente. Toutes les heures, je regarde les positions, les classements, les vitesses de mes concurrents directs. La compète est vraiment là ! Je suis bien, bien cramé, on va essayer d’aller jusqu’au bout ! »