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Chacun sa route, chacun son chemin

Les 24 dernières heures ont été plutôt bénéfiques pour Ian Lipinski et Julien Pulvé, ce qui a dû leur faire beaucoup de bien au moral. Les deux marins du Class40 Crédit Mutuel ont trouvé de l’air hier, suffisamment pour pousser le bateau à des vitesses plus honorables qui leur ont permis de revenir à une soixantaine de milles de la tête. Ils ne sont cependant pas les seuls à avoir été assez bien servis par la météo : le gruppetto qui naviguait derrière eux a su se glisser dans une veine de vent dans l’ouest qui leur a permis de revenir fort sur le top 10 de la course, et de s’y glisser en longeant la route théorique la plus courte. 

On ne cesse de le dire : les classements ne sont que relatifs tant que les routes divergent. On va même le prouver. Le bateau Guidi, mené par Charles-Louis Mourruau et Andre Fantini, fait partie des chanceux qui ont pu attraper la voie de l’ouest et qui ont pu faire un « tout droit » jusqu’à Sal et la marque de parcours à franchir. Au classement de 7h00 en ce vendredi matin, ce Class40 pointe à la 3e place du classement alors qu’il navigue le long des côtes de l’île de Sal. Ian et Julien, eux, sont passés à la latitude de Sal il y a environ 5 heures, mais très à l’est, si bien qu’ils n’ont pas encore vu le moindre bout de terre du Cap Vert. Et les voilà 17e

Mais entre les deux groupes, c’est un peu « Deux Sal, deux ambiances ». Tandis que les revenants traversent l’archipel en progressant vers l’ouest, le team Crédit Mutuel a choisi de prolonger leur descente pour aller chercher des vents plus soutenus dans le sud de l’archipel. Tôt ce matin, Ian et Julien, ont empanné (viré de bord avec le vent dans le dos) pour faire route vers l’ouest, mais on peut croire qu’il ne s’agisse que de ce qu’on appelle un bord rapprochant. 

En gros, tricoter sur l’eau, c’est alterner une maille « à l’endroit » pour se rapprocher de l’objectif stratégique (la zone de vent) et une maille « à l’envers » pour se rapprocher de l’objectif réel (la ligne d’arrivée). Et, pour Ian, l’objectif stratégique, c’est d’aller chercher la zone de vents plus forts : « On va réussir à avoir des alizés, mais on est obligé de passer par le sud pour cela. La partie nord du terrain de jeu n’est pas exploitable, et le jeu est un peu fermé. Par le sud, on va avoir du vent portant et correct en force, et ce sera le cas sans doute pour tout le monde. En gros, on va jouer sur un demi-terrain ». Une zone de hautes pressions, sans vent à l’intérieur, s’étend en effet d’est en ouest sur plus de 800 milles, interdisant d’emprunter la route la plus directe vers Fort-de-France. 

Ian et Julien ne sont pas seuls à jouer cette option : Volvo, Banque du Léman et Edenred, trois bateaux mis à l’eau entre 2019 et 2021, embrassent la même route, tout comme La Manche #evidencenautique, mené par Nicolas Jossier et Alexis Loison qui ont donné une leçon de stratégie à la flotte jusqu’à la sortie du golfe de Gascogne où, rattrapés par l’âge de leur bateau, ils ont dû abandonner le leadership. Bref, ça n’avance pas bien vite dans cette Transat Jacques Vabre, mais les cerveaux fument ! 

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