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Gare au trou d’air à Madère !

Entamée depuis 40 heures, l’exploitation du couloir de vent de nord le long des côtes de l’Espagne et du Portugal touche à sa fin. Ian Lipinski et Julien Pulvé étaient ce matin à hauteur de Gibraltar, mais bien au large, l’étrave pointée sur l’île de Madère.

C’est une façon de parler puisque, depuis mercredi, les deux marins du Class40 Crédit Mutuel additionnent les empannages, afin d’optimiser la vitesse. Vent dans le dos, ils ne vont pas bien vite, mais c’est route directe ; vent de travers, ils vont bien plus vite, mais concèdent de la distance. C’est tout le jeu de la course au large qui s’exprime là : la route la plus courte entre deux points n’est que très rarement la plus rapide, et la route la plus rapide n’emmène que très rarement au but. Alors il faut composer. Négocier. Travailler le compromis.

Les deux négociateurs du Class40 Crédit Mutuel font très bien le job depuis qu’ils ont retrouvé du vent. Il leur reste 45 milles de retard à combler sur la tête de la course, mais les voilà 7e, à 25 milles de la 6e place occupée par Jonas Gerckens et Benoît Hantzberg (Volvo), un Max40 de 2021 signé David Raison – le plan de Crédit Mutuel. A même distance, le Mach 40.4 signé Sam Manuard, qui date de 2019 et qui est skippé par Valentin Gautier et Simon Koster (Banque du Léman). Pendant deux ans, ce bateau a souvent été collé aux basques de Ian Lipinski… 4e à une trentaine de milles, les excellents Luke Berry et Achille Nebout bombardent encore avec leur bateau de 2018 (Lamotte Module Création).

Sur le podium provisoire, Emmanuel Le Roch et Pierre Quiroga, vainqueur de la Solitaire du Figaro 2021, mènent plan Mach 40.4 de 2021 ; Antoine Carpentier et Pablo Santurde del Arco sont sur le même bateau, qui bénéficie d’un an de plus de fiabilisation (2020). Enfin, les patrons du moment sont Nicolas Jossier et Alexis Loison (La Manche Evidence Nautique), qui tirent le meilleur d’un plan Lombard mis à l’eau en 2018.

La morale de l’énoncé ? Tous ne seront pas faciles à aller déloger, mais il peut se passer bien des choses dans les jours à venir. A mesure que la flotte descendra vers Madère, les instabilités vont s’additionner, des zones de vents faibles semblant se mêler au flux constant de nord-nord est ; au Cap-Vert, les alizés paraissent encore mollassons. Il y aura sans doute des coups à jouer, qui permettront à Ian et Julien de poser à nouveau le coude sur la table à bras de fer.

Le mot de Ian Lipinski (vendredi) : « Cette nuit (de jeudi à vendredi), on a bien avancé. On avait une bonne vitesse dans une nuit incroyable, avec un très beau ciel dégagé et des étoiles, dans un vent assez soutenu (un petit 25 nœuds) et une mer maniable. Le bateau allait vite. Comme tout le monde, on préfère ce vent à la pétole ! Il fallait faire attention, veiller à adapter la voilure, à choisir le bon spi, à prendre ou lâcher un ris en fonction des conditions. Nous avons enchaîné pas mal d’empannages pour glisser dans le sud le long d’un courant de vent qu’on essaye d’exploiter. Le programme ? Continuer ça en espérant bien progresser ».

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