Jour 3 – Parti depuis maintenant plus de 48 heures, Ian Lipinski progresse à une belle allure.
Ces deux jours ont été éprouvants. Emmancher, c’est-à-dire traverser la Manche, c’est la certitude de trouver une foule de pièges à déjouer. Les cargos, les dispositifs de séparation du trafic maritime, les sables, les éoliennes, font de la Manche une sorte d’escape game bien costaud, qu’il faut résoudre seul, ou presque. Ian a beaucoup manœuvré, et sa trajectoire, devenue rectiligne ces dernières heures, donne une indication précieuse : le skipper solitaire a sans doute pu se reposer un peu plus, même si le fait de tenir un cap n’exclut pas d’être aux réglages.
C’est d’ailleurs tout l’enjeu des deux jours à venir. Tandis que Ian progresse plein nord, l’étrave tendue vers les îles Shetlands, tout au nord de l’Ecosse, à plus de 600 milles de sa position à 6 heures ce matin, une très grosse dépression fond sur le Royaume-Uni, chargée de vents de plus de 35 nœuds et de rafales à 50-60 nœuds. Souvent, les rafales sont plus fortes que ce que disent les fichiers météo. 50 nœuds, c’est beaucoup, pour un voilier de course, même neuf. Avec Christian Dumard pour guider ses pas depuis la terre, et Sébastien Picault pour veiller sur le bon déroulement des opérations, le skipper du Class40 Crédit Mutuel a un objectif en tête : parvenir à passer devant la dépression qui monte et menace d’arriver sur son bâbord dans les 36 heures à venir. S’il y parvient, Ian aura fait un grand pas vers le record. Si ça bloque, il faudra peut-être se rappeler que l’homme est bien petit face aux éléments, et il faudra alors chercher un abri. En bon marin.
Les chiffres
Samedi 4 juillet, 6h30
- Distance au but : 1240,4 milles
- Distance théorique parcourue : 505,1 milles
- Vitesse moyenne théorique : 10,4 nœuds
- Distance réelle parcourue : 584,2 milles
- Vitesse moyenne réelle : 12,1 nœuds
