Globe40 
« Encore une très belle nuit étoilée. Même si la lune, à moitié pleine, est venue rendre une partie de la nuit un peu moins noire. C’est drôle : la lune est à l’envers ici. On dit, chez nous, que la lune est menteuse — ici, elle ne l’est pas !
Hier, les conditions ont changé lorsque nous sommes sortis par le nord de cette queue de front qui nous a concernés pour la deuxième fois, et qui contrarie fortement notre progression vers le but.
Nous vivons une situation un peu atypique — en tout cas, je crois ne jamais l’avoir rencontrée pour ma part — où l’on a beau prendre la tête de la course, rien n’y fait : ça revient encore et toujours par derrière.
En effet, par deux fois, après avoir pris quelques milles d’avance (je crois jusqu’à 60 milles, il y a trois ou quatre jours), on finit par buter dans une zone sans vent… et on attend les copains qui arrivent avec du vent portant, jusqu’à buter eux aussi dans le mur de calmes.
Ça fait donc deux fois hier matin. Et comme on dit : jamais deux sans trois ! Eh bien, on va remettre ça dans deux jours, juste avant le dernier run vers l’arrivée.
À ce jeu-là, nous serons bien sûr — sauf imprévu perturbateur — toujours au coude à coude avec Curium. Mais les Allemands aussi vont refaire leurs 100 milles de retard et participer à la bataille finale, qui pourrait se jouer dans le dévent de la Réunion. On se souvient qu’ils accusaient, il y a quelques jours, environ 600 milles de retard, je crois !
On a fait la première prolongation, il reste la deuxième… mais ça risque bien de se finir aux tirs au but !
Bref, drôle de fin de course. Il faudrait donc se détendre et se dire que ça ne sert à rien de s’énerver : on va tous repartir à égalité dans deux jours. Mais on est comme ça : on veut toujours aller plus vite et soigner sa trajectoire, donc la tension de la course perdure — et la concentration aussi… On ne se refait pas ! »
